Charles Beigbeder présente Quantonation
Audacia est une société de gestion fondée en 2007 par Charles Beigbeder qui en a récemment repris la direction générale afin de mettre en place une nouvelle stratégie. Spécialisée à l’origine en capital développement pour les PME, Audacia intègre désormais le métier de capital-innovation.
Charles Beigbeder se consacre au développement du venture, activité qu’il exerce depuis 25 ans en tant qu’investisseur dans différentes sociétés. « Le monde des start-up ne m’est pas inconnu », sourit notre interlocuteur. « Audacia intervient également en financement immobilier.
Pour cette activité, nous avons récemment recruté deux gérants spécialisés », ajoute-t-il. « Audacia va financer la rénovation ou la construction de bâtiments dédiés au co-living, un métier en plein développement. Nous avons pris une participation dans la société Sharies qui transforme des bâtiments en espaces de co-living. Notre rôle consiste à monter des véhicules pour financer ces opérations. Nous avons déjà une trentaine de projets… Les collectivités locales apprécient beaucoup ce type d’immeubles situés en centre ville qui attirent des jeunes actifs. C’est une nouvelle façon de valoriser le patrimoine immobilier ».
Quant à son activité traditionnelle, le capital-développement, « le rôle d’Audacia consiste à apporter des solutions aux entrepreneurs pour les aider à grandir et à créer de la valeur. Audacia travaille avec des entrepreneurs et avec des épargnants. Notre objectif est de trouver la bonne adéquation entre les deux », explique Charles Beigbeder. « Je pense que le fait d’accueillir des tiers à son capital est bénéfique pour les PME et les ETI car cela les aide à grandir. Cependant, un grand nombre d’entrepreneurs refusent d’ouvrir le capital de leurs entreprises parce qu’ils pensent qu’ils vont devoir les céder à terme et ne souhaitent pas être la génération qui a vendu…
Le capital développement peut apporter des outils qui n’entraînent pas la cession industrielle. Déjà très active sur ce segment, Audacia va continuer à se développer sur ce marché qui devrait croître dans les années à venir », commente le PDG d’Audacia. Audacia intervient en financement de PME avec des quasi fonds propres. C’est son ADN. Cependant, la société peut utiliser d’autres modes de financement, au cas par cas. « En apportant les quasi-fonds propres, Audacia éduque les entrepreneurs », souligne Charles Beigbeder. Sa stratégie ? Entre 1 et 8 millions d’euros de capitaux apportés, avec une moyenne de 5 millions d’euros par deal.
Selon les statistiques de FranceInvest, au premier semestre 2018, les levées de fonds en capital-développement ont affiché une baisse de 27% par rapport au premier semestre 2017. L’activité de capital-transmission a, quant à elle, affiché une hausse de 17%. « Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Cette activité est très rémunératrice pour les sociétés de capital-investissement… jusqu’au jour où la bulle explose…», estime Charles Beigbeder.
« Aujourd’hui, la France a une belle industrie de capital investissement. Mais elle est très focalisée sur le capital transmission. L’activité de capital-innovation décolle enfin avec, probablement, aussi des phénomènes de bulle. Les valorisations des start-up ne sont pas toujours raisonnables», déplore Charles Beigbeder.
Au sein d’Audacia, l’activité de capital-développement est focalisée sur la France. Dans le domaine du venture, l’approche d’Audacia est globale, avec toutefois un focus sur l’Europe et sur le Canada, notamment sur les start-ups de deep physics.
« Nous, avons choisi une approche originale : la physique quantique. Nous sommes rentrés dans la seconde révolution quantique », souligne Charles Beigbeder. « Après une première révolution technologique qui a apporté le transistor et le laser, il ne fait aucun doute que les technologies quantiques vont provoquer une nouvelle révolution avec des applications concrètes qui auront très rapidement un impact majeur sur tous, individus comme entreprises et institutions. L’essor de cette technologie peut avoir des conséquences majeures et entraîner un véritable changement de notre société à un horizon de 10 ans à peine! »
Après des années de R&D, des propriétés telles que la superposition et l’intrication quantiques commencent à être maitrisées et exploitées au sein d’une deuxième génération de technologies qui auront un impact sur de nombreux secteurs industriels. Les secteurs appelés à bénéficier de cet « avantage quantique » incluent entre autres la cybersécurité, le développement de médicaments ou de nouveaux matériaux, la finance et le manufacturing. L’intelligence artificielle est également destinée à être impactée par les technologies quantiques d’une manière significative. L’Europe, la Chine, les Etats-Unis, le Canada ou encore le Japon ont reconnu ces enjeux et déjà mis en place des financements qui se comptent en milliards dans la recherche sur ces sujets.
Fin décembre 2018, Charles Beigbeder a annoncé le lancement de Quantonation, le premier véhicule d’investissement entièrement consacré aux start-ups des technologies quantiques et de la physique innovante. Ce nouveau fonds early stage, abondé par son sponsor Gravitation, la holding personnelle de Charles Beigbeder, est en cours de levée auprès d’investisseurs institutionnels, industriels et de grands family offices avec une cible de 40 millions d’euros. Les investissements de Quantonation seront centrés sur les technologies quantiques et la physique innovante. Dans cette perspective, Quantonation vise des entrées au capital de start-ups en phase d’amorçage ou de premier tour de table (série A) pour des tickets unitaires allant de 250.000 à 2 millions d’euros en lead ou non suivant les projets, avec l’ambition d’accompagner aux tours suivants les sociétés les plus prometteuses. En associant d’autres investisseurs, c’est plus de 120 millions d’euros qui seront investis dans ces sociétés, à travers le monde.
Quantonation est le fruit d’une collaboration, celle de Charles Beigbeder, passionné depuis toujours par la physique, et de Christophe Jurczak qui a occupé des postes de responsabilité dans le public et dans le privé dans les secteurs de la défense, l’énergie et l’informatique quantique en Silicon Valley. Polytechnicien, il est titulaire d’un doctorat en physique quantique obtenu sous la direction du professeur Alain Aspect. Christophe Jurczak dirigera l’équipe de trois professionnels dédiée à la gestion de Quantonation.
Quantonation a déjà réalisé deux investissements. La société a notamment investi dans la start-up britannique Kets Quantum Security, issue de l’Université de Bristol et de son incubateur QTEC (Quantum Technology Enterprise Center). Une des technologies développées par Kets permet de fabriquer des puces capables de générer des nombres réellement aléatoires, un défi technologique qui s’avère essentiel dans le cryptage aujourd’hui. Quantonation a également investi dans la société LightOn, start-up française qui développe une technologie performante et économe en énergie utilisant l’optique pour faire des calculs d’Intelligence Artificielle. Les premiers prototypes sont déjà hébergés en datacenter grâce à un partenariat avec OVH, leader Européen du cloud. « L’Europe et tout particulièrement la France disposent d’une excellence académique incontestable sur les technologies quantiques avec de nombreux Prix Nobel sur le sujet. C’est une base extraordinaire pour bâtir les futurs leaders de l’industrie mondiale du Quantique. Quantonation se positionne en amont, comme acteur clef d’un écosystème naissant, pour dénicher et accompagner les pépites de ces technologies révolutionnaires », souligne Christophe Jurczak.
Quantonation devrait réaliser entre 12 et 15 investissements en seed. « La moitié de ces entreprises sera par la suite accompagnée en pre-série A puis en série A », précise Charles Beigbeder. « Nous pensons que c’est un bon timing. Bpifrance a récemment annoncé le lancement de son plan Deeptech », note Charles Beigbeder. Selon lui, « L’Europe n’est pas trop en retard dans ce domaine. Nous pouvons susciter la création de start-up autour du quantique capables de rivaliser avec les start-up américaines ».